Encore et toujours ce même cauchemar… Ce calvaire ne s’arrêterait donc jamais ? Il y avait pourtant des moments où tout allait bien, et où ce cauchemar disparaissait, avant de réapparaitre quelques semaines plus tard. Là, Seeta devait affronter une période plutôt difficile. Elle ne cessait de le refaire, encore et encore, tout les soirs, ou presque. Lorsqu’elle se réveillait en sursaut et en sueur, elle n’arrivait pas, par la suite, à se recoucher, de peur de devoir revivre tout ça. Etant jeune elle avait du vivre son cauchemar, et maintenant, elle devenait spectatrice de ce qu’elle avait elle-même vécue. Pourtant, le visage de l’homme qui lui faisait du mal n’était pas clair du tout, bien au contraire, il était brouillé, voire flou. Et même en tant que spectatrice de cette horreur, elle n’arrivait pas à trouver la solution à son problème. Seeta pensait que cet évènement la hantait parce qu’elle ne se souvenait plus du visage de celui qui lui avait fait ça. Oui, au fond, si elle savait à quoi il ressemblait, elle aurait pu l’identifier, et il aurait pu être hors d’état de nuire, ce qui n’était absolument pas le cas aujourd’hui, malheureusement pour elle. En connaissant son visage, la jeune femme se plaisait à penser qu’elle aurait pu faire son «  deuil » beaucoup plus vite. Cela faisait déjà onze longues années que tout cela c’était produit, et elle avait pourtant l’impression que c’était hier, pour son plus grand malheur. La jeune femme, réveillée en pleine nuit, s’était alors installée sur son lit, adossée contre le mur, et avait alors lu toute la nuit, terminant ainsi son roman. Dieu qu’elle avait aimé cette histoire ! Simple mais magnifiquement écrite. Les mots. Ils en disaient tellement plus qu’un simple geste. Après tout, les gestes pouvaient être faux, feints même, mais en ce qui concerne les mots, c’était beaucoup plus difficile, surtout ceux avec un sens. Oui, il y avait des mots avec lesquels on ne pouvait pas tricher, ou tout du moins, il fallait être un bon comédien et bien maitriser la langue pour le faire, ou encore, avoir des années d’expérience de manipulation des mots, et de tout les stratagèmes possibles pour paraître crédible.

La jeune femme n’avait pas eu la force de manger, même si son estomac ne cessait de réclamer quelque chose à manger. Elle avait passé tout le reste de la matinée à lire un autre livre, qu’elle avait une nouvelle fois finis. C’était le genre de livre lu en quelques heures, très simple à lire, et pas un pavé. Finalement, avant midi, elle ressentit le besoin de sortir, ne serait-ce que pour prendre l’air. Elle attrapa alors son sac à main, et sortie de chez elle, vêtue d’une petite robe noire, assez légère et qui lui faisait un magnifique décolleté, assortie à des talons hauts de couleur noir. La jeune femme sortie de son immeuble, et se promena à pied dans les rues de San Francisco. Seeta ne savait pas encore ce qu’elle allait faire, ni où elle allait aller. Elle marchait, laisser ses pas la guider où bon leurs semblaient. Finalement, elle arriva, sans le faire exprès, devant la librairie qu’elle aimait fréquenter. Après y avoir passer quelques minutes, la jeune femme en ressortie avec un sachet rempli de trois livres qu’elle allait prochainement dévorer. Ne regardant pas où elle allait, la jeune femme percuta quelqu’un, et fit tomber son sachet. S’empressant de s’excusant et de s’agenouiller pour récupérer ce qui lui appartenait, elle ne prit pas tout de suite le temps de regarder celui qu’elle avait percuté. Lorsqu’elle leva alors les yeux vers l’inconnu, elle eu le plaisir d’admirer un visage presque parfait. Des traits fins mais beaux, un sourire ravageur, un regard profond, des cheveux bien coiffés. Ce jeune homme était beau, oui. Lorsqu’elle se redressa, Seeta s’excusa une nouvelle fois auprès de lui, qui lui assurait que tout allait bien, tout en lui souriant, faisant apparaitre toutes ses dents d’un blanc éclatant. Le jeune homme la trouvait apparemment à son goût, et commença à la draguer, en douceur, la complimentant par-ci par-là, ce qui mit légèrement mal à l’aise Seeta. Puis, il l’invita à boire un pot quelque part, mais la jeune femme déclina l’invitation, prétextant avoir autre chose à faire. Non, ce n’était pas le moment de draguer. Pas le bon jour, tout simplement. Pas après ce cauchemar qui ne finissait apparemment pas. Cependant, il insista et l’agrippa par le bras, ce qu’elle ne supporta absolument pas. Ce contact physique lui rappelait celui de son cauchemar, celui qu’elle avait vécu des années auparavant. Seeta essaya de se dégager, mais elle manquait cruellement de force, avec le peu d’énergie qu’elle avait, dormant très peu ces derniers jours. Elle haussa le ton et lui demanda de la lâcher, mais celui-ci n’écoutait pas. Ce qui énervait d’autant plus la jeune femme, c’était tout les gens autour d’eux, les regardant comme s’ils venaient d’arriver tout droit de la planète mars, et qu’ils étaient tout verts. Personne n’essayait de l’aider, non, cela n’était venu dans l’esprit de personne… Au lieu de cela, tout le monde les dévisageait d’une façon qu’elle ne supportait vraiment pas. La jeune femme lui redemanda de la laisser partir, mais encore une fois rien y faisait. C’est alors qu’une main se posa sur l’épaule de l’inconnu qui ne lâchait pas prise.